Mai 1970, l’année de mes 18 ans, je venais d’avoir mon permis de conduire, c’était aussi le passage de mon bac avant les vacances... mais cela est une autre histoire !
Ma tante du Jura venait de changer de voiture et avait décidé de me faire cadeau de son ancienne voiture. Une magnifique 2cv bleue de 1960, parfaitement entretenue et bichonnée avec 60000 km au compteur. Un beau cadeau !
435 CL 39
Dans un premier temps j’ai gardé la carte grise au nom de ma tante et le numéro d’immatriculation était vraiment super !
1970, c’était l’époque « baba cool », l’époque des voyages à Katmandou, à Kaboul ou au Népal. Ma sœur, trois ans plus âgée que moi avait déjà été en Inde en stop deux ans auparavant, et elle réussit à me convaincre avec Jean-Marc son petit ami de l’époque de partir à Katmandou ensemble. Mon cousin Christian serait aussi du voyage.
Le projet initial après réflexion prévoyait que nous partions tous les quatre. Avec mon cousin nous avions envisagé d’aller en Roumanie dans le delta du Danube, et là, nous laisserions ma sœur et son ami afin qu’ils aillent, eux, en direction de Katmandou.
Préparations très sommaires telles que se procurer un passeport, réunir du matériel photo et quelques cartes. Ma mère toujours très soucieuse nous obligea à contracter une assurance auprès de « Mondial Assistance »... On ne sait jamais !
Ah ! c’était quand même bien plus simple en 1970 que maintenant !
Question photo, j’avais dans mes bagages le fameux 6x6 que m’avait prêté mon prof d’histoire géographie deux ans auparavant.
Mon cousin m’avait donné un « Focasport » 24x36 et il me semble que j’avais emporté une chambre à soufflet 9x12 avec quelques châssis chargés de film couleur négatif. J’avais placé tout ce matériel dans une boîte que j’avais placée sous le siège conducteur en y incorporant des films couleur diapos pour le Foca, couleur négatif et noir et blanc pour le 6x6.
A l’aventure !
Départ comme prévu début août de La Garenne-Colombes avec première étape Cousance dans le Jura où habitait ma tante. Dès le lendemain matin, l’aventure commençait vraiment !
Direction Milan, Verone. Bref passage à Venise où nous avions décidé de nous y arrêter davantage au retour. Ensuite Trieste avant d’attaquer la Yougoslavie.
Dès notre passage en actuelle Croatie, sous la chaleur du mois d’août, nous nous sommes arrêtés au bord de l’Adriatique. La mer était attirante et la baignade obligatoire pour se rafraîchir ! C’était sans compter que je ne suis jamais très rassuré dans l’eau et là, pas de sable, mais des rochers et des coraux...
Certainement très beau pour les amateurs de plongée mais un peu la panique à mon niveau quand je me suis retrouvé le pied coincé entre deux rochers ! J’ai cru ma dernière heure arrivée ! Après plusieurs tasses d’eau de mer, j’ai réussi à me détacher et regagner la rive. Bref, ce n’est quand même pas à cause de cet incident que nous avions décidé de passer par le haut de la Yougoslavie.
Le passage par les montagnes (Alpes Dinariques) devait en effet nous permettre d’atteindre plus facilement la Roumanie.
Alors ce fut Zagreb, puis Belgrade par les petites routes. Il faisait beau, il faisait chaud !
Découverte de ce pays qui n’existe plus, pourtant la vie paraissait agréable, on se demande comment la guerre a pu y éclater.
Plus tard ce fut Sofia en Bulgarie, là, les gens paraissaient tristes et renfermés sur eux-même. Beaucoup de travail dans les champs, peu d’automobiles, plutôt des carrioles tractées par des bœufs ou des ânes.
Nous avions emporter des livres pour nous occuper le soir, surtout des romans policiers, sur la couverture de l’un se trouvait la photo d’une femme légèrement vêtue...
A la vue de cette couverture lors du passage à la frontière, un des douaniers nous a pris la tête. Pas facile de le comprendre mais nous avons du laisser le livre !
Puis ce fut la direction du delta du Danube où nous ne sommes restés qu’une nuit... Agressés par des moustiques énormes qui rentraient dans la tente et partout. Le lendemain matin, après une nuit horrible, attaqués de toutes parts, nous décidions de ne pas rester. Après concertation, nous décidions tous les quatre d’aller à Istanbul et là nous nous séparerions.
Après un petit passage en Grèce encore sous l’emprise des colonels, la traversée d’une tortue devant nos roues fut fatale aux soubassements de la voiture ! L’animal s’en est mieux sorti que la tôle que nous avons eu du mal à redresser pour qu’elle ne frotte plus par terre.