Tanguy Garric, né à Offenbourg (Allemagne) en 1952, nous a quittés le 2 octobre 2017. Il a été membre du Conseil des métiers d’art de 2006 à 2009 et fait chevalier des Arts et Lettres en 2007.
Sa rencontre avec Donatella. T lui fait découvrir le monde de l’art et de la taille douce. Tanguy travaille dans des ateliers où il apprend différentes techniques : chez Rigal, en 1973-1974, le burin, la pointe sèche, l’eau forte ; chez Maeght, fin 1974-1975, les techniques plus contemporaines, en participant à la réalisation d’estampes de Miro, Tapies, Fiedler, Ubac… Grâce à l’obtention d’une bourse du British Council, Donatella et Tanguy passent une saison à l’Alexandra Palace et à la Central School à Londres, haut lieu de la manière noire, afin d’apprendre à la maîtriser.
De retour à Paris, il ouvre son premier atelier en 1977, rue des Suisses (XIVe), puis, au début des années 1980, rue du Tage (XIIIe) pour une vingtaine d’année et partira ensuite à Bretoncelles, dans l’Orne, pour y poursuivre ses activités. C’est là que nous l’avons rencontré.
Dès les premières années, de nombreux artistes et éditeurs français, américains, coréens… sont attirés par son savoir-faire exceptionnel de l’imprimerie, allié à une approche extrêmement sensible du travail des artistes. Cela d’autant plus que son incessante curiosité et son inventivité le poussent à chercher et à trouver des solutions pour répondre à des œuvres complexes peu adaptées aux techniques de la gravure, en détournant et réinventant celle-ci : par exemple pour Aurélie Nemours (Nuit pourpre, en 1987, éd. Maximilien Guiol). Daniel Pontoreau (Equidistant, 1990, éd. Nitabah). Andréas Senser (Autobiographique, 1984, éd. Maximilien Guiol) ou Jean Degottex (collection AFIP, 1987). Il est un des premiers à utiliser les technologies de l’impression numérique alliées aux techniques traditionnelles, notamment pour Cosmetic Alimentaire de Fabrice Hybert (éd. Sollertis, 2001) ou Un p’tit tour chez les vivants de Marie Darrieussecq et Anne ferrer (ministère de la Culture, 2007).
Il se passionne également pour la technique alors oubliée de l’héliogravure au grain (photogravure à l’aquatinte sans trame) et travaille pour de nombreux photographes, dont Jean-François Bauret, pour qui il a édité deux estampes.
Très vite, parallèlement à cette activité d’imprimeur et de graveur, il crée sa propre maison d’édition d’estampes et de livres avec des artistes comme Viera Da Silva, Pincemin, Garouste, Cortot, Ernest Pignon-Ernest… dont il présentera régulièrement des œuvres dans de nombreux salons en France, notamment le SAGA de 1988 à 1997, ainsi qu’en Corée et en Finlande.
Impossible de lui rendre hommage sans parler de l’association Page(s), créée à Saint-Yrieix-la-Perche avec Eric Lefèbvre, Bernard Gabriel Lafabrie, les directrices de l’espace des Filles du Calvaire, Donatella. T et lui-même. Les statuts de l’association seront déposés en 1996. Celle-ci, qui compte aujourd’hui 150 membres français et étrangers, a pour but la promotion du livre d’artiste en organisant deux salons annuels, l’un en novembre, l’autre en mai. Tanguy Garric jouera jusqu’en 2016 un rôle primordial dans l’organisation technique et artistiques de ces deux salons, mais aussi dans la recherche de partenariats et soutiens financiers pour permettre la pérennité de l’aventure.
D’après un texte de Donatella. T et Maximilien Guiol