Février 2018 - Le chien rouge, la lune d’argent et le nuage bleu
Edito
Texte et photos Philippe Belleney
Le conte du chien rouge
La grande plaine bien froide, bien blanche.
Au centre, grandiloquent, un chien rouge.
Silence des distances, écoutons le parler.
Autour de sa présence, rien ne bouge.
Etonnement des flocons posés sur une branche.
Deux oreilles sortent d'un fossé,
« Mais qui peut ainsi écorcher les mots ?
Ce n'est pas encore l'heure d'ouvrir les tombeaux. »
Gente Lune d'Art
Aux talons, des ailes d'argent
Petit dieu aguerri, demi nu
Un trait sur sa corde tendue
Vise au loin le pic de la Lune.
Vanité avérée, la flèche pénètre son pied.
S'observer Narcisse dans le miroir du temps
Vivre intensément pour des prunes
Et disparaître nuitamment dans les halliers.
Nu, âgé, Blues
Au jour d'huis ouverte
Voir le cœur d'un nuage bleu
En geôle de ses frères gris
Tristes, sévères, prétentieux.
Où seront demain nos rêves pris
Si palissent les azurées vertes
Au fond des sombres nuées.
Pieds ferrés, closes huis barrées.
Le chien rouge
Texte et dessin de François Lebert
le chien rouge ne vous parlera pas,
pas même en présence de son avocat
son cri est un hurlement définitif
il se perd dans chaque nuit d'un enfant
en voyage vers un visage comblé...
Quand le chien bleu
poursuit des nuages blancs
avec des crocs menaçants,
la pluie regrette l'orage.
Derrière une porte grinçante
se cache une lune d'argent, des étoiles d'or,
un cavalier, une grande ourse,
et trois petits cochons en tenue de soirée...
Plus loin encore, de l'autre côté
de tous ces astres mystérieux,
un énorme trou noir
avale tout ce qui passe à sa portée !
Un jour le grain du temps qui passe
finira en poussière...
Dans le grand sablier de l'éternel
le sable est mouvant...
Trois indiens sur la colline
Par Alain Isenegger
Sur le haut de la colline, assis et adossé à un grand cèdre bleu, Chien-Rouge regardait dans la vallée. Lune-d ’Argent comme à son habitude était installé au sommet de ce magnifique arbre et scrutait l’horizon. Alors que Nuage-Bleu assis au coin du feu, fumait le calumet.
Les trois amis depuis toujours étaient réunis et se remémoraient les bons moments de leur jeunesse. Parfois un colibri haut en couleur passait et chantait une douce mélodie. La nature n’avait pas changé, les arbres étaient forts et majestueux et les animaux heureux.
Mais, sur le visage de nos trois compagnons, nous pouvions apercevoir et lire une certaine inquiétude.
Leurs regards étaient attirés par le monde d’en bas, un monde bruyant, poussiéreux avec cris et violence. C’était le quotidien et la stratégie du peuple du bas, vitesse, précipitation, contrat, investissement. Une multitude de petites taches noires gesticulaient violemment dans un décor de l’ère industriel du cinéma muet. Les cheminées crachaient de larges volutes noires et grises, les couleurs avaient disparu comme dans certaines peintures du célèbre peintre Fernand Léger.
La stratégie du monde de la colline était différente, nature, plaisir, liberté, vagabondage, tout était parfaitement orchestré pour une vie harmonieuse et équilibrée. Chaque personne y trouvait sa place, convivialité et collégialité en étaient la règle d’or. La vie y était merveilleuse, haute en couleur à l’image d’un autre peintre tout aussi connu, Claude Monnet.
Alors mes chers lecteurs, choisissez ?
Moi, je peux vous dire que j’ai choisi depuis bien longtemps…
L’aphorisme du moi(s)
Par Guy Coda
"un chien rouge, une lune d'argent, un nuage bleu :
méfiez-vous des champignons hallucinogènes !"
La Lune d’argent
Par Didier Leplat
Toujours passionné d’astronomie depuis ma jeune enfance, j’ai bien souvent pu observer beaucoup de phénomènes. Des éclipses de lune, des éclipses de soleil, des conjonctions de planètes, des comètes, enfin tout ce que l’astronome amateur se plait à contempler.
Cela permet toujours de relativiser, de ne pas se prendre pour le meilleur des hommes, mais surtout de se rendre compte qu’on n’est vraiment rien sur terre en tant qu’être humain. Notre passage vivant est tellement infime par rapport à cet infini qu’il permet de comprendre que c’est le passage de génération en génération qui peut améliorer l’Homme au fil du temps. On constate malheureusement que cela devient de plus en plus difficile, cette machine infernale qu’est le capitalisme et cette industrie de la finance ne profite qu’à ceux qui en ont le moins besoin. C’est un engrenage, une vis sans fin ou plutôt, je dirais, un vice de forme, car l’Homme en devient aliéné. N’attendons plus ce grain de sable qui va stopper tout net cette escalade et enfin remettre de l’humain dans l’humain.
C’était dans les années 90, ma lunette astronomique que j’avais fabriquée avec un ancien objectif de banc de reproduction était opérationnelle. Elle n’avait pas de monture équatoriale, mais était parfaite pour regarder la Lune avec ses cratères et ses crêtes acérées sur les pourtours. Paradoxalement, il ne faut jamais observer la lune quand elle est pleine. En effet à ce moment là, le soleil l’éclaire directement sans créer d’ombre, ce qui nuit au contraste et à la délimitation des volumes, un peu comme quand on photographie au flash quand celui-ci est placé juste au dessus de l’appareil photo. Les sélénites existeraient qu’on verrait leurs yeux rouges ! Bref, en suivant les éphémérides, je constatais qu’un matin vers 4h30, Saturne et la Lune devaient entrer en conjonction, c’est-à-dire que la Lune devait passer devant Saturne et la masquer le temps de son passage. Je décidai aussitôt d’aller observer ce phénomène avec ma fille Amélie qui devait avoir 16 ans à l’époque. La convaincre de se lever très tôt ne fut pas un obstacle et le fait de pouvoir admirer en même temps la Lune et Saturne était un bel objectif. Nous espérions simplement que le temps soit de la partie.
Branle-bas de combat ! Le temps était magnifique, le réveil à bien marché et dès 4h du matin nous étions sur place et prêt à observer. Nous étions en dehors de la ville dans un endroit très dégagé et à l’abri des lumières parasites. Bien couverts, car même en été dans le Perche les nuits sont fraîches, nous pouvions déjà voir Saturne qui se rapprochait inexorablement de La Lune. La lunette, sortie de la voiture et mise sur pied attendait ce moment magique où la planète passerait derrière la Lune. Nous nous amusions à divaguer et à rire en disant que finalement ce serait Saturne qui passerait devant la Lune ! Et puis le moment tant attendu arriva. Cette vision, encore très fraîche dans ma mémoire, de cette petite planète avec ses anneaux qui doucement disparait derrière la Lune me revient à l’esprit comme un moment d’enchantement. La vitesse de ce passage était juste ce qu’il faut, ni trop rapide, où là, nous n’aurions pas pu apprécier cette disparition, ni trop lent, où là, nous aurions perdu patience dans le froid matinal.
Et puis nous avions une deuxième chance ! En effet, il suffisait d’attendre quelques minutes pour revoir apparaitre comme par magie la planète sur le côté opposé de la Lune.
Je ne pus prendre de photos de cet événement, car mon matériel de l’époque n’était pas du tout adapté ni capable de sortir une belle image, mais je ne le regrette pas car c’est encore plus fort de l’avoir gravé à vie dans ma mémoire.
Lunette de ma fabrication à partir d’un objectif de banc de reproduction, le tout monté avec des tubes de plomberie en plastique et des morceaux d’anciens appareils photo ! L’objectif, c’est un Rodenstock Apo-Ronar de 520 mm de focale pour une ouverture de F/9. C’est à partir de cet instrument que j’ai réalisé toutes les photos de la Lune représentées sur la colonne de droite.
Comme dis dans le texte, je n’ai pu réaliser en direct cette photo qui est en fait une reconstitution en photo montage pour représenter le phénomène tel que nous l’avons observé avec en fille.
Avec cette lunette, j’ai pu photographier la Lune à différents moments. Toutes ces photos datent de l’époque « argentique » et ce sont des tirages noir et blanc que je vous présente là.
Zaman Zaman enregistre
Notre petit groupe bien connu des lecteurs de l'égo et de l'aréopage enregistre en février son nouvel album auto-produit.
Pour faciliter la parution de celui-ci, ils s'organisent et lancent un projet participatif que vous pouvez découvrir et suivre avec les liens ci-dessous.
Mathieu Lespagnol, batteur et percussionniste du groupe : « Après le ''Chaman tour'' qui a vu opérer pour le groupe un élargissement de ses influences balkaniques vers des compositions aux sonorités propulsives funk et rock, Zaman Zaman fonce tête baissée vers son 4e opus, « Newez ».
World rock movie et pourquoi pas… un peu de transe ! ».
Vous aimez leurs musiques, Vous les aimez, alors n'hésitez pas : coup d'pouce... ! Ou plutôt faites un « zeste ».
Amputé de toutes ses subventions, le jardin des contes propose pour exister en 2018 un projet participatif sous forme d'une souscription directe, auprès de Jean-Jacques Silvestre, maître d’œuvre du jardin.
Pour participer, vous pouvez trouver tous les renseignements utiles en consultant le site :
Pour chaque artiste, le nombre maximum d’œuvres admises se répartit de la façon suivante :
Jusqu'à 30x40cm : 6 œuvres
Au delà de 30x40cm : 4 œuvres
Au delà de 60x80cm : 2 œuvres.
Toutes les œuvres devront obligatoirement être réalisées dans la même technique.
L'utilisation des cadres est permise dans la mesure ou ceux-ci ne sont pas dépareillés.
Toutes les œuvres devront être munies d'un système d'accrochage solide. Chacune devra porter au verso le nom et l'adresse de l'artiste et le titre de l'œuvre.
Douze sculptures pour une histoire, douze signes pour l’aboutissement. Du haut des chapiteaux de l’abbatiale de nos pensées se sont détachées les stances de Zéla.
Les sculptures en pierre de Philippe Belleney et les univers 3D virtuels de Didier Leplat sont deux mondes pourtant très éloignés mais finalement si proche !
Ce fut un sacré challenge de rassembler les univers de ces deux artistes !
Cette promenade que Philippe et Didier vous proposent a plusieurs sens, à vous de découvrir les vôtres.
Les deux compères en pleine préparation et cogitation chacun dans son domaine d’activité.
Cette newsletter est une production de l’Aréopage - Les Indépendants du Perche ©2018
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