Chers amis de l’Ego du moi(s)
Depuis le temps que nous parlons des choses qui nous préoccupent : la grève pour les retraites, les flics pleins de bienveillance, les riches de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, la dégradation de notre environnement, l’école qui se casse la gueule, la culture qui disparait, la sécu qui va disparaitre, la violence qui augmente et notre pouvoir d’achat qui diminue, Bernard Henri Lévy qui sévit toujours et Cyril Hanouna qui veut se présenter à la prochaine présidentielle, bref de tous les maux de notre société en mal de repères, voilà qu’aujourd’hui on veut aborder le sujet de la croissance.
Or il se trouve que malgré le plaisir que j’ai à m’exprimer dans ce journal en ligne et le bonheur que je prends à votre compagnie, je me trouve cette fois un peu à sec d’arguments et, paralysé par les chaînes de la croissance, je ne sais que vous dire de celle-ci sans prendre le risque de dire une connerie (voire plusieurs dans le meilleur des cas !)
Aussi, scrupuleux jusqu’au bout d’accomplir mon devoir de collaborateur, que je ne manquerai pour rien au monde, je me contenterai pour cette fois de vous livrer les propos d’un homme qui, lui, connait le sujet bien à fond.
J’ai assisté à sa dernière conférence et je vous la livre telle quelle et espérant que vous me pardonnerez cette défaillance passagère :
Cher concitoyens, chers électeurs, et j’oserai dire « chers amis », bonjour !
Bonjour et merci à vous de votre fidélité à notre cause, ainsi qu’à votre serviteur car en effet, l’intérêt que vous portez depuis toujours à mes modestes interventions me va droit au cœur !
Comme vous le savez, notre parti s’est toujours fait un devoir d’aborder avec vous les sujets d’actualité les plus brûlants et dans cet esprit, je vais vous parler aujourd’hui de
LA CROISSANCE!
Car ce phénomène de la croissance, vous le savez, est devenu un des sujets majeurs de préoccupation de notre société. Mais entendons-nous bien : quand je parle de croissance, je parle de CROISSANCE, et non pas de ces épiphénomènes secondaires qu’on rencontre tous les jours devant notre porte, comme par exemple ce qui est arrivé à un de mes voisins récemment :
désireux de remettre à neuf son jardin, il a réensemencé du gazon puis, pour le laisser pousser tranquillement, il est parti quelques jours en vacances. À son retour, le gazon avait poussé de cinquante centimètres ! Il avait semé sans le savoir du gazon à croissance rapide ! Ahah ! Ah ah ! Ou encore cet ami qui l’autre jour vient me voir en larmes, me racontant qu’en l’espace de quelques mois son fils avait été saisi d’une crise de croissance spectaculaire, à tel point qu’aujourd’hui le môme avait une tête de plus que lui ! «Tu comprends», me dit-il, «maintenant je ne peux plus lui mettre une baffe sans risquer d’en prendre deux !»
Non, cher public, je ne vous parlerai pas de cette croissance-là, ni de la croissance du croissant, parce que là aussi, le croissant a beaucoup progressé dans notre société et la croissance de l’Islam est aujourd’hui un fait avéré !
Mais revenons à nos moutons - c’est une formule, vous l’aurez compris, car je ne connais rien aux moutons, rien du tout ! Je sais seulement qu’à ce jour on dénombre de plus en plus d’éleveurs de moutons et comme les loups prolifèrent dans nos pays civilisés, dans nos campagnes comme dans nos villes, les éleveurs ont été obligés de s’entourer de chiens spécialement dressés à cet effet, sans aucune efficacité d’ailleurs puisque les loups sont bien plus malins que les chiens ! Alors dans les montagnes c’est bien ! En ville, c’est autre chose ! Il n’y a guère que dans un gouvernement que les deux espèces pourraient s’entendre ! – mais revenons à nos… préoccupations.
Donc je vais vous parler de LA CROISSANCE.
J’ai lu récemment dans la presse, de droite comme de gauche, mais surtout de droite, car la presse de gauche, elle s’est réduite comme une peau de chagrin, (c’est vrai, si on regarde de près les grands groupes de presse, de plus en plus gros d’ailleurs, force est de constater qu’ils n’appartiennent pas aux gilets jaunes et autres gens du peuple) donc, disais-je, j’ai parcouru attentivement la presse (surtout de droite) pour voir un peu ce qu’elle pouvait relater, en termes d’analyse, au sujet de LA CROISSANCE. J’ai eu beau chercher, je n’ai rien trouvé, ou si peu de choses que cela ne vaut pas la peine d’en parler ! Je ne vous parlerai donc pas de la presse et nous allons maintenant aborder le vrai sujet de cette conférence : LA CROISSANCE !
Enfin! me direz-vous ! Oui, je sens bien votre impatience d’en apprendre plus sur ce phénomène particulier qui est au cœur de nos préoccupations ! Patience ! Comme le disait Hérodote: « La hâte est mère de l’échec ! », ou bien Aristote: « La goutte finit par percer la pierre et la plante qui y pousse finit par la rompre » ou encore William Shakespeare: « Qu’ils sont pauvres ceux qui n’ont pas de patience ! » et enfin ce proverbe persan : « Avec de la patience, le verger devient confiture» !
Alors, chers amis, soyez patients et vous serez riches ! J’en suis la preuve vivante : «depuis le temps que tu milites pour tous les partis au pouvoir », me disait ma femme, « il serai temps qu’ils pensent un peu à toi »!
Et bien rassure-toi, cher public, c’est fait ! J’ai été patient et aujourd’hui je suis riche ! Merci Shakespeare (que je n’ai toujours pas lu d’ailleurs mais avec la croissance exponentielle de mes émoluments j’aurai une bonne retraite et je pourrai enfin découvrir ce grand génie !)
Quant à vous, chers amis, suivez le conseil des grands penseurs : soyez patients ! Et puis surtout, regardez la télévision, car, et là je citerai le grand Groucho Marx, qui a écrit «Le Capital»: La patience est l’art de trouver autre chose à faire !
Dons nous allons parler de LA CROISSANCE.
Mais pas aujourd’hui car je vois que le temps de parole qui m’est imparti s’est écoulé, et à mon grand regret je dois maintenant vous quitter ! Mais rassure-toi, cher public, nous aurons l’occasion de reparler de LA CROISSANCE, car – passez-moi cette formule populaire – les écolos n’ont pas fini de nous emmerder avec ça !